• Cotignac pour la première fois

  • En matière de pèlerinage, je ne connaissais que celui qui reliait Rambouillet à Chartres, effectué il y a deux ans avec la ferme intention que le Seigneur marierait mon frère bien aimé, et ce fût le cas …

    Pour Cotignac, il n’y eu pas d’intentions particulières si ce n’est celles de m’abandonner le temps d’un long week-end dans les bras du Christ, me couper du monde et des agitations inutiles mais avant tout de recharger les batteries de ma foi comparable certain jour à une minuterie alternative … Jour … nuit … jour … nuit.

    Avant de partir, l’appréhension fut tout de même là, serais je bien à ma place … vais-je m’intégrer au groupe une fois arrivée, n’y aura t-il pas trop d’austérité lié au pèlerinage en lui-même … l’effort physique ne supplanterait-il pas le spirituel, bref toutes ces questions qui vous poussent à renoncer in fine. Mais parfois, si l’on est attentif aux signes que le Seigneur vous envoie, il devient presque une évidence qu’il vous faut partir maintenant et sans plus attendre.

    Alors une fois le sac à dos plié, le frigo remplit pour la famille, les derniers baisers distribués, et l’explication faite que « non, vous ne participerez pas à la prochaine session de Koh Lanta «  vous voilà enfin prête … à vous jeter dans le vide, ou devrais-je dire, dans le royaume des Cieux.

    J’ai été saisie par la beauté de la nature, le souffle du vent, toute La Création faisant écho à la Parole entendue. La longue marche silencieuse ponctuée par la prière du Chapelet, ce cœur à cœur avec Jésus vécu dans ce moment de Grâce en suspension m’ont totalement ressourcée. J’ai pu boire chaque jour à la fontaine désaltérante de Saint Joseph et de Marie sous le regard bienveillant du Seigneur présent à chacun instant sur cette nouvelle route dont j’étais entrain de dessiner le tracé hors piste.

    Plongée dans des moments de silence et d’introspection, nourrie par les enseignements précieux du Père Amaury et l’apprentissage de nouveaux chants, je peux dorénavant donner du sens et de la profondeur à des gestes appris autrefois sans une réelle cohérence.

    J’ai été sensible à la fraternité réelle et la bienveillance de nous toutes, émue voire bouleversée par les témoignages ou chacune se livre à cœur ouvert sur ces fardeaux trop lourds à porter et que l’on dépose au pied de la croix du Seigneur pour en revenir le cœur allégé et joyeux.

    Enfin la présence de Sœur Déborah* de la communauté des Béatitudes a été perçue comme un véritable onguent capable le temps d’un long week-end de panser nos doutes et de recentrer notre vie et nos rapports les uns aux autres à la lueur seule du Seigneur.

    Alors dès mon retour, l’entourage parfois profane se presse pour vous demander …  » Alors … pas trop fatiguée ?  » comme s’il n’envisageait votre pèlerinage que sous l’angle d’un marathon féminin.

    Eh bien non, précisément, j’ai pu me – Re Poser – sur la tendre épaule du Seigneur présent à chaque instant de ce chemin comme pour me délester des efforts et des petites souffrances physiques déjà oubliées.

    Merci Seigneur et à l’an prochain !

     

    * (en hébreu : דְּבוֹרָה, c’est-à-dire abeille ou « דְּברָ » : parole et « ה » : Dieu soit Parole de Dieu)