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Très chers frères et sœurs,
Ce temps nous oblige à un acte fort de foi et d’espérance, il éprouve notre confiance en Dieu, mais il nous pousse également à la tentation à l’autosuffisance humaine. Les moments comme celui que vit aujourd’hui notre monde sont susceptibles de nous faire croire que nous pouvons trouver ce qui est nécessaire à notre vie et à notre survie, en puisant uniquement dans nos ressources morales et intellectuelles tout en oubliant la référence à Dieu.
Si cela n’est pas toujours un acte pleinement volontaire et conscient, il reste une pente vers laquelle on peut tous glisser si les feux de la vigilance chrétienne sont éteints dans nos cœurs. « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure », exhorte Jésus en concluant la parabole des dix vierges (Mt 25, 1-13).A côté de la dimension eschatologique du sens de cette parabole, elle prend sens pour nous baptisés ici et maintenant », c’est-à-dire dans l’aujourd’hui même de notre vie. Saint Augustin voit les dix vierges comme une allégorie des âmes de tous les chrétiens. Ainsi, les unes, comme les cinq vierges folles, se dépensent à « trouver le sujet ordinaire de leur joie, parce qu’elles ne connaissaient pas les joies intérieures », tandis que les autres, comme les cinq vierges avisées, « à qui leur conscience rendait témoignage devant Dieu, entrèrent avec lui aux noces, où l’âme pure s’unit, pour en être fécondée, au Verbe de Dieu, source de toute pureté et de toute perfection » (S. Aug., Sermon 22).
Il nous arrive de croire malheureusement que dans le cœur ne siègent que passions et affectivité. Alors, nous préférons nous fier seulement à notre intelligence. Or le cœur, au sens biblique même, a aussi sa part dans l’activité intellectuelle, il est à la fois conscience et mémoire, intuition et force morale. Dans le cœur résonnent toutes les affections ; mais c’est aussi le lieu de nos décisions. Et surtout, c’est dans le cœur que s’enracinent l’attitude croyante et la fidélité à Dieu. Le cœur est donc le tout de l’homme intérieur, le lieu privilégié du risque de la foi.
On ne peut pas croire une science qui soit porteuse d’espoir pour une issue bientôt heureuse à ce temps d’épreuves, si l’on ne reconnaît pas en même temps les limites de cette même science qui n’est pas omniscience. « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité », nous enseigne saint Jean-Paul II dans le préambule de l’encyclique Fides et ratio. Le saint Pontife entendait bien nous rappeler non seulement que « c’est Dieu qui a mis au
cœur de l’homme le désir de connaître la vérité », mais afin « de Le connaître lui-même » comme son Dieu et que « Le connaissant et L’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même ».
L’épreuve d’aujourd’hui remet en questions toutes nos certitudes, il faut bien l’admettre : nos projections en termes de croissance économique, la prétendue maîtrise du monde par les informations et la nouvelle technologie, et même notre propre assurance sur notre existence. Seule la foi en Dieu demeure une véritable certitude car elle est liée avant tout à quelque chose qui est au-dessus de tout : l’existence de Dieu, car elle est au-dessus de tout idée qu’on peut s’en faire. Tenons donc d’une main la
lumière immanente de la raison et de l’autre celle transcendante de la foi, seule capable de dissiper les ténèbres intérieures.
Confions-nous à Dieu et à l’intercession de la Vierge Marie, celle qui prie pour nous même « à l’heure de notre mort », à l’heure où nous ne pouvons plus prier pour nous-mêmes :
Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu. Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers délivre-nous toujours, Vierge glorieuse et bénie. AmenP. Marc Henry Siméon