• Couple Missionnaire : Alix et Guillaume

  • Témoignage d’un  jeune couple missionnaire

    Alix et Guillaume

    Qui sommes-nous ?

    Nous nous appelons Alix et Guillaume, nous avons respectivement 26 et 27 ans, nous nous sommes mariés l’été dernier et avons décidé de faire de notre première année de couple marié une année de service. Service que nous réalisons dans une Communauté de l’Arche en France.

    Nos parents habitent à La Celle Saint Cloud, nous y avons grandi et avons longtemps fréquenté la Paroisse, notamment au travers des groupes scouts et des messes des jeunes.

    1. Pourquoi avons-nous décidé de nous mettre au service pendant un an ?

    Plusieurs raisons nous ont poussés à vivre cette année de manière particulière.

    Tout d’abord, après nos années d’études, nous souhaitions sortir un peu de notre confort, notre bulle quotidienne et aller à la rencontre de l’autre, à la rencontre de la différence, et cela en totale immersion. Nous challenger ensemble au travers d’une aventure qui vienne heurter nos convictions, nos préjugés. Nous trouvions que cela avait plus de sens de le faire ensemble, en tant que couple, alors nous avons décidé d’attendre d’être mariés pour nous lancer.

    Ensuite, nous avons ressenti l’envie et le besoin de donner de notre temps, de nos énergies, de nos dons… L’un des piliers sur lequel on a souhaité fonder notre couple est le Service aux autres. Que notre foyer soit tourné vers l’extérieur, l’accueil de la fragilité, de la différence et que l’on puisse participer à notre niveau à cette écologie humaine, sociale et solidaire. On se disait que ça serait une belle manière de fonder notre couple sur une base solide et engagée. Consacrer une année de notre vie à cet objectif pourrait ainsi nous ancrer dans cette dimension pour la suite de notre aventure à deux.

    Enfin, cette année serait l’occasion pour nous de découvrir notre vocation en tant que chrétiens engagés dans la société. Cette période de plusieurs mois arrive à un moment dans nos vies respectives où l’on doit s’engager dans un métier. Il est important pour nous de trouver une voie professionnelle qui réponde à notre vocation. A quoi sommes-nous appelés ? Une année de discernement pour comprendre comment associer nos aspirations, nos souhaits et nos compétences…

    Pour résumer, nous avions vraiment envie que ce soit une année de tremplin pour notre vie à venir, et pas seulement une année mise entre parenthèse où nous reprendrions le quotidien de nos vies habituelles par la suite.

    1. Qui nous accueille ?

    Lorsque nous avons commencé à envisager ce projet, nous n’avions pas comme objectif précis de nous engager auprès d’une Communauté de l’Arche. Nous souhaitions rester en France car Guillaume rentrait tout juste de deux années passées au Brésil et nous ne souhaitions pas repartir vivre une trop grande et longue séparation avec nos proches et avec la France à laquelle nous sommes attachés. Mais le projet était encore bien vague, rien n’était fixé. C’est finalement la providence qui a mené nos pas vers l’association de l’Arche, que nous connaissions depuis plusieurs années, et plus précisément avec la Communauté de La Rebellerie. Leur proposition de venir faire un an de volontariat en tant que Service Civique nous est parvenue relativement tôt l’an dernier et nous avons cheminé avec cette idée pendant notre année de fiançailles avant de nous engager vraiment avec eux.

    Pour vous décrire l’Association de l’Arche en quelques mots, « ce sont des lieux où vivent et travaillent ensemble des personnes adultes en situation de handicap mental et ceux qui les accompagnent, les « assistants » salariés ou volontaires » (selon le site de l’Arche en France – http://www.arche-france.org/). Chaque Communauté de l’Arche est fondée sur trois piliers : la dimension communautaire, la dimension professionnelle et la dimension spirituelle. A l’Arche, l’idée principale est de « vivre avec » les personnes ayant un handicap plutôt que « faire pour » elles. Certes nous les accompagnons et les aidons dans leur quotidien, mais l’essentiel réside dans la rencontre et les moments passés ensemble où nous sommes dans une relation d’égal à égal.

    La Communauté avec laquelle nous vivons s’appelle La Rebellerie, c’est une ancienne ferme située au cœur des vignes du pays d’Anjou. Il y a quatre foyers de vie où personnes accueillies et assistants partagent leur quotidien. Normalement les assistants habitent sur place, mais notre situation de jeune couple marié nous a poussés à nous loger à l’extérieur de la Communauté. A ces foyers, s’ajoutent un foyer pour un certain nombre de travailleurs handicapés qui ne dorment pas sur place. De nombreuses activités sont proposées à La Rebellerie pour répondre de manière adaptée aux besoins et aptitudes de chacun. Le travail est réparti entre deux ateliers principaux : l’atelier vigne/Chai et l’atelier de conditionnement (sous-traitance). A cela s’ajoute les Ateliers De Jour qui proposent des activités sans recherche de productivité ; ce sont des activités artisanales, fermières, physiques et sportives, d’intégration sociale ou encore de détente et de relaxation. Les ateliers permettent donc à chacun de s’épanouir et d’avancer à son rythme de manière adaptée, accompagnés par une équipe éducative.

    1. Que faisons-nous ?

    Alix participe à la vie de l’un des foyers de vie, le Chêne, en accompagnant les personnes accueillies dans leur quotidien et en participant aux activités de tous les jours : repas, fêtes, tâches ménagères, activités de détente, rencontres médicales… Le jeudi elle accompagne certaines personnes à l’atelier cuisine des ateliers de jour.

    Guillaume lui, accompagne les équipes de travailleurs et en particulier ceux de l’équipe vigne/vin dans les travaux nécessaires pour mener à bien la production viticole : taille, effeuillage, ébourgeonnage, vendange, travail du sol… Le travail de la vigne est assez rare pour un ESAT, mais il a l’avantage de proposer des postes et des activités variées répondant aux compétences de chacun (du travail manuel relativement répétitif à la conduite d’engins mécaniques). Hors des heures de boulot, il participe aussi à la vie du foyer du Chêne.

    Nous participons également à la vie communautaire en apportant notre aide à l’organisation d’évènements et de rencontres.

    En tant qu’assistants, notre principale mission est de faire du foyer « un chez soi » où chacun puisse s’épanouir tout en restant attentif les uns aux autres. Et du lieu de travail un environnement bienveillant où chacun est respecté pour ses compétences, son rythme, sa personnalité. Nous avons vraiment à cœur de nous assurer que des liens fraternels et amicaux se développent grâce à l’éveil et à l’épanouissement de chaque personne accueillie. Il y a donc également une partie du travail qui consiste à mettre en place un suivi éducatif et parfois médical pour que chacun réussisse à grandir, devenir autonome et ainsi prendre des responsabilités.

    1. Au bout de 6 mois, qu’avons-nous reçu ?

    La toute première chose, est que nous vivons la joie des relations véritables, simples et authentiques. Les rencontres se font dans le respect de la différence : chacun, qu’il soit en situation de handicap ou non, porte une histoire différente, vient d’un milieu social différent, porte des convictions religieuses différentes, des fragilités différentes… Nous nous trouvons constamment enrichis par toutes ces individualités, mais cela suppose que nous soyons ouverts à l’autre et que nous dépassions nos préjugés et nos appréhensions.

    Être en relation quotidienne avec des personnes porteuses de handicap nous met sans cesse face à cette question : comment être dans une relation d’égal à égal avec une personne qui n’a pas sa place dans la société actuelle car elle n’est pas considérée comme “normale” ou “performante” ? Pourtant, nous nous apercevons qu’elles ont tellement à nous apprendre ! Les personnes fragiles nous poussent à faire preuve de vulnérabilité, en évitant les faux-semblants et en laissant tomber nos propres barrières, pour être dans la vraie rencontre. Nous nous questionnons sur notre propre rapport à la fragilité et nous nous laissons humaniser. Et c’est ainsi que nous apprenons à nous accepter tels que nous sommes, à accepter notre couple tel qu’il est… et nous en sommes tellement plus heureux !

    Une autre chose essentielle est que nous apprenons à nous dépasser. En effet, il y a de nombreux moments où nous nous sentons fatigués, où nous préférerions être moins exposés, ou encore que nous accomplissons des tâches qui paraissent ingrates. Nous devons régulièrement nous rappeler que nous avons choisi cette mission, choisi d’être au service de l’autre, que ses besoins se substituent aux nôtres. L’exercice de la patience, de l’acceptation ou de la bienveillance nous permet de découvrir ce qu’est l’humilité.

    Enfin, nous avons la possibilité d’accéder à une vie plus simple et plus unifiée, nous construisons des relations authentiques, nous vivons au rythme de la terre. Au rythme des personnes que nous accompagnons également car elles sont bien souvent dans l’incapacité de se projeter dans le temps. Avec elles nous réapprenons donc à vivre dans l’instant présent. Nous pouvons ainsi reposer nos esprits et revenir à l’essentiel.

     

    Pour conclure, nous avons à coeur de vous dire que le témoignage écrit ne remplace pas une expérience vécue… Vous êtes donc les bienvenus à La Rebellerie pour vivre et découvrir par vous-même la richesse de l’Arche et des personnes qui y habitent !

    Alix et Guillaume