• DIEU EST VIVANT ! IL NOUS AIME. IL EST PERE Méditations pour la première semaine

  • DIEU EST VIVANT ! IL NOUS AIME. IL EST PERE

    Méditations pour la première semaine

    Olivier Belleil – Viens Esprit-Saint – Ed. Verbe de Vie

    1er jour : La tendresse du Père

     « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour […] Comme est la tendresse d’un père pour ses fils, tendre est le Seigneur pour qui le craint. » (Ps 103)

    Découvrir la tendresse de Dieu, c’est l’expérience vécue par le poète Paul Claudel à Notre-Dame de Paris, le 25 décembre 1886

    C’est dans ces dispositions que, coudoyé et bousculé par la foule, j’assistai, avec un plaisir médiocre, à la grand’messe. Puis, n’ayant rien de mieux à faire, je revins aux vêpres. Les enfants de la maîtrise en robes blanches et les élèves du petit séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet qui les assistaient étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat.
    J’étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier à l’entrée du chœur, à droite du côté de la sacristie. Et c’est alors que se produisit l’événement qui domine toute ma vie. En un instant, mon cœur fut touché et je crus.
    Je crus, d’une telle force d’adhésion, d’un tel soulèvement de tout mon être, d’une conviction si puissante, d’une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute, que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d’une vie agitée, n’ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher.
    J’avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l’innocence, de l’éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable. En essayant, comme je l’ai fait souvent, de reconstituer les minutes qui suivirent cet instant extraordinaire, je retrouve les éléments suivants qui, cependant, ne formaient qu’un seul éclair, une seule arme, dont la Providence divine se servait pour atteindre et s’ouvrir enfin le cœur d’un pauvre enfant désespéré : « Que les gens qui croient sont heureux ! Si c’était vrai, pourtant ! C’est vrai ! Dieu existe, Il est là. C’est quelqu’un, c’est un être aussi personnel que moi. Il m’aime, Il m’appelle. »
    Les larmes et les sanglots étaient venus… et le chant si tendre de l’Adeste ajoutait encore à mon émotion.
    Un être nouveau et formidable, avec de terribles exigences pour le jeune homme et l’artiste que j’étais, s’était révélé, que je ne savais concilier avec rien de ce qui m’entourait.

    Seigneur, donne-moi d’accueillir ta véritable paternité, de découvrir ta tendresse.
    Seigneur, libère-moi des mauvaises images du Père qui font obstacle à ma foi (le Dieu gendarme, sévère, jamais satisfait, qui veut m’imposer sa volonté au détriment de mon bonheur…)

    2e jour : « Un Père qui me façonne par amour »

     « Et pourtant, Seigneur, tu es notre père, nous sommes l’argile. Tu es notre potier, nous sommes l’œuvre de tes mains. » (Is 64, 7)

    Je suis l’argile dans les mains du Père. Je relis ma vie dans cette perspective. Il est mon Créateur. Il m’a sorti du néant. Il me donne d’exister. Il me façonne car il veut faire de moi une œuvre belle, bonne : un chef-d’œuvre ! Il veut me donner une vie de bonheur éternel. Il a un projet d’amour sur ma vie. Je veux le laisser faire son œuvre en moi, collaborer à son dessein. Il veut le meilleur pour moi. Je dis « oui » à ce qu’il veut faire de moi, pour moi, par moi.

    Acte d’abandon de Charles de Foucauld

    Mon Père, je m’abandonne à toi,
    fais de moi ce qu’il te plaira.
    Quoi que tu fasses de moi,
    je te remercie.
    Je suis prêt à tout, j’accepte tout.
    Pourvu que ta volonté se fasse en moi
    et en toutes tes créatures,
    je ne désire rien d’autre, mon Dieu.
    Je remets mon âme entre tes mains.
    Je te la donne, mon Dieu,
    avec tout l’amour de mon cœur,
    parce que je t’aime,
    et que ce m’est un besoin d’amour de me donner,
    de me remettre entre tes mains
    sans mesure, avec une infinie confiance,
    car Tu es mon Père

    3e jour : Un père au cœur de mère

     « Sion avait dit : le Seigneur m’a abandonnée ; le Seigneur m’a oubliée. Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fruit de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas. » (Is 49, 14-16)

    Je peux, comme le peuple d’Israël, avoir l’impression que Dieu m’a abandonné. Qu’il est loin de moi, que je ne compte pas pour lui. La blessure d’abandon existe pour les enfants, la psychologie nous le rappelle. Cette blessure d’abandon existe aussi dans la vie spirituelle.

    Comment Dieu y répond-Il ? Par l’image de l’amour maternel. Il veut nous convaincre qu’Il est fidèle, que nous sommes « les fils et les filles de ses entrailles ». Jamais Il ne nous oubliera, jamais Il ne nous abandonnera. En langage populaire, ce texte nous dit que « Dieu nous aime avec ses tripes », et non pas d’une manière hautaine, froide, distante.

    Accueillons son Amour de maman, avec la prière de Pierre Lyonnet (éd. Épi) :
    « C’est beau d’être ton enfant »
    Père, c’est à toi que je m’adresse ce soir avec une confiance tranquille et paisible.
    Ton fils m’a appris que tu étais mon Père… Je viens donc simplement te dire que je suis ton enfant, et je te le dis sérieusement,
    et pourtant avec l’envie de rire et de chanter, tellement c’est beau d’être ton fils ; mais c’est aussi sérieux, car tu m’as tellement aimé, et moi si peu !
    Père, fais de moi ce que tu veux.
    Ta volonté, je le sais, elle est que je devienne semblable à ton Unique, le frère aîné qui m’a appris ton nom :
    que je marche sur le même chemin.
    Je n’ai point de force pour cela, mais j’ai la tienne…
    Père, me voici : travaille en moi, taille et coupe,
    je ne te ferai jamais l’injure d’avoir peur ou de croire que tu m’oublies ;
    et si je trouve la croix très lourde, je pourrai du moins te répéter inlassablement
    que je crois à ton amour et que j’accepte ta volonté.
    Je sais, Père, je n’ai jamais fini de te faire de la peine, mais tu ne finiras jamais de me pardonner.
    Quant à l’amour, je serai toujours battu ; non pourtant, car tu me donneras le tien.
    Tu me donneras ton Amour, ton Fils, en qui je pourrai tout.

                                                                 4e jour : Je suis son fils, sa fille préférée

     « Éphraïm est-il donc pour moi un fils si cher, un enfant tellement préféré, que chaque fois que j’en parle, je veuille encore me souvenir de lui ? C’est pour cela que mes entrailles s’émeuvent pour lui, que pour lui déborde ma tendresse. » (Jr 31, 20)

    Dieu est un drôle de père !
    Père, comme une mère qui n’arrête pas de parler de ses enfants : « chaque fois que j’en parle ».
    Père, comme un amoureux qui n’arrête pas de penser à sa bien-aimée : « que je veuille encore me souvenir de lui ».
    Père, comme une mère qui ressent son enfant « dans ses entrailles ».
    Père, comme une mère « débordante de tendresse ».
    Père, pour qui je suis son « enfant préféré », « tellement préféré ».
    Veux-tu te laisser aimer par un tel Père ?

    Méditations sur le Père quelques heures avant la mort

    « Les sentiments que je voudrais avoir à cette heure (et que j’ai actuellement) : penser que je vais découvrir la Tendresse. Il est impossible que Dieu me déçoive. J’irai à lui et je lui dirai : je ne me prévaux de rien, sinon d’avoir cru en votre bonté. C’est bien là en effet ma force, toute ma force, ma seule force. Si cela m’abandonnait, si cette confiance en l’Amour me désertait, tout serait fini, car je n’ai pas le sentiment de valoir, surnaturellement, quoi que ce soit ; et s’il faut être digne du bonheur pour l’avoir, c’est à y renoncer.
    Mais plus je vais, plus je vois que j’ai raison de me représenter mon Père comme l’indulgence infinie. Et que les maîtres de la vie spirituelle disent ce qu’ils veulent, parlent de justice, d’exigences, de craintes, mon juge à moi, c’est celui qui tous les jours montait sur la tour et regardait à l’horizon si l’enfant prodigue lui revenait. Qui ne voudrait pas être jugé par lui ? Saint Jean a écrit : « Celui qui craint n’est pas encore parfait dans l’Amour »1. Je ne crains pas Dieu, mais c’est moins encore parce que je l’aime que parce que je me sais aimé de lui. Et je n’éprouve pas le besoin de me demander pourquoi mon Père m’aime ; ou ce qu’il aime en moi. Je serais d’ailleurs fort embarrassé pour répondre ; même strictement, dans l’incapacité de répondre.
    Il m’aime parce qu’il est Amour ; et il suffit que j’accepte d’être aimé de lui pour l’être effectivement.
    Mais il faut que je fasse ce geste personnel d’accepter. Cela, c’est la dignité, la beauté même de l’amour qui le veut. L’amour ne s’impose pas : il s’offre. Ô Père, merci de m’aimer ! » […]

    1 1 Jean 4, 18
    Tels furent les sentiments du père Valensin dans ses dernières heures. Comme l’infirmière de la clinique s’apprêtait à fermer les persiennes de sa fenêtre, il dit : « Oh ! non. Je vous en prie… laissez entrer la lumière ! Laissez entrer le soleil ! C’est une annonciation joyeuse que celle de la Mort ! Je vais à la rencontre de Dieu, à la rencontre de mon Père, de la Bonté, de la tendresse ! »

    Auguste Valensin, jésuite français (1879-1953) in La joie dans la foi, Aubier-Montaigne, 1955

        5e jour : La tendresse paternelle pour son peuple et pour chacun de nous, ses enfants

     « Oui, j’ai aimé Israël dès son enfance, et, pour le faire sortir d’Égypte, j’ai appelé mon fils.
    Quand je l’ai appelé, il s’est éloigné pour sacrifier aux Baals2 et brûler des offrandes aux idoles.
    C’est moi qui lui apprenais à marcher, en le soutenant de mes bras, et il n’a pas compris que je venais à son secours.
    Je le guidais avec humanité, par des liens d’amour ; je le traitais comme un nourrisson qu’on soulève tout contre sa joue ; je me penchais vers lui pour le faire manger.
    Mais ils ont refusé de revenir à moi : vais-je les livrer au châtiment ?[…] Vais-je t’abandonner, Éphraïm, et te livrer, Israël ?
    Non ! Mon cœur se retourne contre moi ; en même temps, mes entrailles frémissent. » (Osée 11, 1-8)

    Comment Dieu nous est-il présenté dans ce passage ?
    Comme celui qui aime dès le commencement, avant même que je « mérite » son amour : « Oui j’ai aimé Israël dès son enfance ».
    Comme un Dieu libérateur : « Pour le faire sortir d’Égypte ».
    Comme un père qui appelle son enfant : « J’ai appelé mon fils ».
    Comme un Dieu qui respecte la liberté : « Quand je l’ai appelé, il s’est éloigné pour sacrifier aux Baals et brûler des offrandes aux idoles ».
    Comme un éducateur qui se fait proche : « C’est moi qui lui apprenais à marcher en le soutenant de mes bras ».
    Comme un amoureux incompris : « Et il n’a pas compris que je venais à son secours ».
    Comme un guide : « Je le guidais avec humanité par des liens d’amour ».
    Comme une maman pleine de tendresse : « Je le traitais comme un nourrisson qu’on soulève tout contre sa joue ».
    Comme un Dieu qui se penche, qui descend des hauteurs pour rejoindre l’être aimé : « Je me penchais vers lui ».
    Comme un père, une mère qui nourrit son enfant : « Pour le faire manger ».
    Comme un Dieu qui pardonne : « Vais-je t’abandonner… Non ! »
    Comme un Dieu qui est bouleversé par amour : « Mon cœur se retourne contre moi, mes entrailles frémissent ».

    Veux-tu te laisser aimer par un tel Père ?
    2 Nom donné à des divinités païennes

    Ô Père éternel ! Ô feu, ô abîme de charité, ô éternelle clémence !
    Ô espérance, ô refuge des pécheurs, ô sagesse inestimable !
    Ô bien éternel et infini ! Ô fou d’amour !
    Avez-vous donc besoin de votre créature ?
    Oui, me semble-t-il, car vous en agissez avec elle comme si vous ne pouviez vivre sans elle, Vous qui êtes la vie qui fait vivre toute chose et sans laquelle rien ne vit !
    Pourquoi donc êtes-vous si épris de votre créature ? Pourquoi cet amour éperdu pour votre œuvre ?
    Toutes vos complaisances sont pour elle, vous ne trouverez de délices qu’avec elle, le désir de son salut est en vous comme une ivresse !
    Elle vous fuit pourtant, mais vous êtes à sa poursuite.
    Elle s’éloigne et vous vous faites plus proche. […]
    Maintenant, je vous rends grâce à vous, Seigneur, Père éternel, pour l’immense bonté que vous m’avez témoignée à moi…

    Sainte Catherine de Sienne – Dialogues, éd. Téqui

    6e jour : Le fils prodigue

     Luc 15, 11-32 : lire ce passage dans la Bible. https://www.aelf.org/bible/Lc/15

    Un drame en sept actes :

    Acte 1 : la rupture. « Père, donne-moi la part de fortune qui me revient. »
    Demander l’héritage du Père, c’est le mettre à mort symboliquement. Je choisis l’avoir (les biens matériels) plutôt que l’être, et surtout « l’être avec » le Père, la communion. Je veux m’approprier les dons de Dieu : la terre, la vie, mes talents, et je dis : « Maintenant, c’est à moi ! J’en fais ce que je veux ! » J’exclus Dieu de mon univers pour profiter de tous les dons qu’il me donne…

    Acte 2 : « Il partit pour un pays lointain. »
    L’éloignement géographique est l’image de l’éloignement relationnel. « Il dilapide sa fortune dans une vie de désordre. » Le désordre moral découle de la rupture avec Dieu. L’ivresse de la liberté dans une vie où « tout est permis ». Plus d’interdits, de contraintes…

    Acte 3 : « Il avait tout dépensé quand une grande famine survint. Et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. »
    Après l’ivresse de la liberté, « la gueule de bois ».
    L’expérience du péché est celle de la désillusion.
    Au lieu de l’abondance, la misère (famine).
    Au lieu de l’indépendance, la servitude (servir un maître).
    Au lieu de la dignité, la déchéance (les porcs).
    Au lieu de la communion familiale, la solitude (personne).
    Au lieu de la considération, le mépris (aux yeux des autres et à ses propres yeux).

    Acte 4 : le retour sur soi. « Alors il rentra en lui-même. »
    C’est l’étape nécessaire qui prépare la conversion, le retour. Passer du superficiel à l’essentiel, de l’extérieur à l’intérieur.
    Recherche d’intériorité, de recueillement, d’écoute de ses besoins profonds.

    Acte 5 : le sursaut de vie. « Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! »
    C’est une question de vie ou de mort. Je ne peux continuer comme cela. Je meurs de faim. Je veux vivre.
    Ce n’est pas une prise de conscience de la peine faite à son père qui suscite ce changement, c’est une question de survie personnelle.
    Je dois aller là où je pourrai vivre. C’est un acte d’espérance : il y a une issue. Je peux en sortir.
    La décision d’agir est prise. Je change de route dans ma vie. Je m’oriente autrement. Je reconnais la réalité de ma situation. J’accepte de ne pas me leurrer et de voir la vérité en face.

    Acte 6 : le retour. « Il se leva et s’en alla vers son père. »
    Les bonnes intentions ne suffisent pas, il faut passer à l’acte. La prise de conscience de ma misère n’est pas suffisante, il faut se « bouger », faire un pas vers Dieu.

    Acte 7 : la joie du père
    Depuis le début de la parabole, le projecteur est tourné vers le fils. Maintenant, c’est le père qui est au centre, le sujet de toutes les actions. • « Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion. »
    Le père est dans l’attente, il veille en attendant le retour de son fils. Il le reconnaît de loin.
    Il ne le condamne pas. Il est miséricordieux. Il a pitié et se dit : « Dans quel état il s’est mis, le pauvre ! » • « Il courut. »
    En Orient, les grands personnages (les anciens, les dignitaires) ne courent pas. Leur dignité ne le permet pas. Ce serait inconvenant. Courir, c’est bon pour les serviteurs, les enfants…
    Le père qui court, c’est l’empressement de l’amour.
    Le père qui court, c’est l’amour qui se moque de toutes les conventions sociales ; il ne se soucie pas de l’étiquette, du regard des autres. Le père qui court laisse parler son cœur. • « Se jette à son cou et le couvrit de baisers. »
    Le fils n’a pas belle apparence : il est couvert de poussière, de sueur et il sent le cochon !
    Le père manifeste sa tendresse par des gestes physiques : embrassade, baisers… C’est un amour qui ose s’exprimer. • Le fils lui dit : « Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. »
    Le père respecte son fils. Il écoute son aveu. Son fils n’est pas seulement « l’objet » de son amour ; c’est un sujet libre et responsable qui exprime ce qu’il éprouve. Le laisser parler dans cette situation,
    c’est le laisser être libre et adulte. Il est important qu’il relise sa vie, qu’il nomme les choses avec ses mots. • « Mais le Père dit à ses serviteurs… »
    La scène se passe en public. Il ne s’agit pas seulement d’une réconciliation privée, mais d’une reconnaissance sociale. Le fils est honoré publiquement à travers quatre signes concrets :
    – Le signe de la robe. Le vêtement du maître lui est redonné. Non la tunique du serviteur, mais la robe princière du maître de maison. C’est le signe de la dignité retrouvée.

    – Le signe de l’anneau. L’anneau est à la fois un symbole de pouvoir et d’appartenance. Il a la fonction du sceau (porté soit comme une bague, soit comme un collier). Redonner l’anneau, c’est redonner le pouvoir au fils, lui restituer son autorité. Portant l’anneau du maître, il peut apposer la signature du maître aux contrats et transactions.

    – Le signe des sandales aux pieds. Les enfants (mineurs), les esclaves, les pauvres vont pieds nus. Les sandales sont la marque de l’homme libre. Le fils est non seulement pardonné, mais rétabli dans la dignité.

    – Le signe du festin. « Allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons. » Rien n’est trop beau pour fêter son retour. Un veau gras, c’est une petite fortune. On le tue pour nourrir une assemblée lors de grandes fêtes (mariages, etc.).

    La générosité dans le don du père dit quelque chose de son bonheur. La conversion du fils le comble de joie. Le pécheur repenti fait le bonheur de Dieu !
    Le retour vers Dieu comporte toujours une dimension pascale : un passage du péché à la grâce, de la rupture à la communion, de la tristesse à la joie, de la mort à la vie, de la déchéance à la dignité…
    Un passage du passé au présent. Dans sa délicatesse, le père ne fait aucun retour sur le passé (pas de leçon de morale ni de « Je te l’avais bien dit »), mais oriente vers la grâce du présent : « Apportez… mettez… allez chercher… »

    Cette parabole nous dit qui nous sommes : des pécheurs pardonnés ; et qui est le Père : un Dieu de Miséricorde et de pardon.
    Si nous nous sentons bien pécheurs, réjouissons-nous car la Parole de Dieu nous dit que nous avons le profil du poste pour entrer dans la joie de Dieu ! 😊

    Hymne à la Miséricorde Divine

    Ô éternelle miséricorde, qui couvrez les fautes de vos créatures !
    Je ne m’étonne donc plus que vous disiez de ceux qui sortent du péché mortel pour faire retour à vous : Moi, je ne me souviens plus que vous m’ayez jamais offensé ! […]
    Ô miséricorde qui procède de votre Divinité, Père éternel, et qui gouverne par votre puissance le monde tout entier ! C’est par votre miséricorde que nous avons été créés ; par votre miséricorde que nous avons été recréés, dans le sang de votre Fils ; c’est votre miséricorde qui nous conserve. […]
    Votre miséricorde donne la vie et elle donne la lumière qui nous fait connaître votre clémence pour toute créature, pour les justes et pour les pécheurs. […]
    Ô Fou d’amour ! Ce n’était donc pas assez de vous incarner, qu’encore vous avez voulu mourir ! […]
    Ô Miséricorde ! Mon cœur devient tout feu à penser à vous ! De quelque côté que mon esprit se tourne et se retourne, je ne trouve que miséricorde !

    Sainte Catherine de Sienne – Dialogues, éd. Téqui

                                                          7e jour : Je suis son enfant bien-aimé

     Lire Matthieu 3, 16 : Le baptême de Jésus. https://www.aelf.org/bible/Mt/3

    Par le baptême, nous sommes nous aussi « fils du Père » par et dans le Fils unique. Lui seul est Fils par nature. Nous le sommes par adoption.
    Cette adoption, cette filiation s’opère par le Saint-Esprit. Prendre conscience que le Père du Ciel me regarde avec bienveillance et me dit à moi aussi :
    « Tu es mon fils bien-aimé(e) qui a toute ma faveur. »
    Quel bonheur de sentir intérieurement le regard du Père sur moi, d’entendre intérieurement cette parole du Père pour moi.

    Le grand penseur Blaise Pascal fit un jour une expérience spirituelle qui le marquera toute sa vie. À sa mort, on retrouvera, dans la doublure de son manteau, le récit de cet événement écrit de sa propre main :

    L’an de grâce 1654 Lundi, 23 novembre, jour de saint Clément, pape et martyr,
    Depuis environ dix heures et demie du soir jusques environ minuit et demi,
    FEU.
    « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob », non des philosophes et des savants.
    Certitude. Certitude. Sentiment. Joie. Paix.
    Dieu de Jésus-Christ.
    Mon Dieu et votre Dieu.
    « Ton Dieu sera mon Dieu. »
    Oubli du monde et de tout, hormis Dieu.
    Il ne se trouve que par les voies enseignées dans l’Évangile.
    Grandeur de l’âme humaine.
    « Père juste, le monde ne t’a point connu, mais je t’ai connu. »
    Joie, joie, joie, pleurs de joie.
    Je m’en suis séparé : « Ils m’ont abandonné, moi la source d’eau vive. »
    « Mon Dieu, me quitterez-vous ? »
    Que je n’en sois jamais séparé.
    Il ne se conserve que par les voies enseignées dans l’Évangile.
    Renonciation totale et douce.
    Soumission totale à Jésus-Christ et à mon directeur.
    Éternellement en joie pour un jour d’exercice sur la terre.
    « Je n’oublierai pas tes paroles ». Amen.

    Le baptême de Jésus est une manifestation trinitaire. L’effusion du Saint-Esprit vécue par Pascal aussi. Dans ce texte, il est question de Dieu Père, du fils Jésus Christ et de l’Esprit Feu.